Sarah, ingénieure en R&D
Sarah (se) cherche et (se) trouve
Sarah Gayot est ingénieure en R&D, spécialisée sur les polymères avancés et leurs applications composites. Nous l'avons rencontrée à la Maison de la Chimie à Paris, à l'occasion de la remise des prix 2024 des Olympiades Nationales de la Chimie. Un moment privilégié pour celle qui a été distinguée en 2009. À 32 ans, Sarah nous parle de son parcours, de ses recherches et de ses ambitions au sein d’Arkema. Un témoignage authentique et inspirant.
Que représentent pour vous les Olympiades de la Chimie ?
Déjà, un très beau souvenir car j'y ai participé en 2009, l'année de mon Bac, et j’avais été distinguée. J'étais hyper contente. Un peu, surprise aussi parce qu'il avait tout de même fallu attendre cette 25e édition pour voir une jeune femme récompensée. Ensuite, les organisateurs, en l'occurrence France Chimie, m’ont fait le plaisir de m’inviter au même titre que les anciens lauréats, à l'occasion des 30 ans et pour célébrer les 40 ans des Olympiades cette année.
Les femmes sont-elles trop peu représentées dans les études scientifiques ?
Lorsque j’assistais à des conférences dans le cadre de ma thèse sur les matériaux composites, il y avait en moyenne 20-25% de femmes dans l’auditoire. En fait, c’est variable selon les domaines. Dans celui des matériaux, et surtout des composites, elles sont assez minoritaires mais une réelle évolution a lieu à l'échelle des jeunes qui passent le Bac scientifique. C’est d’ailleurs ce que soulignait une intervenante ce matin aux Olympiades, précisant qu'en Terminale S, 47% des lycéens sont féminines.
47 lycéens récompensés lors des 40e Olympiades Nationales de la Chimie
Organisés chaque année au niveau national et régional, les concours des Olympiades de la Chimie ont pour objectifs de susciter l’intérêt des lycéens pour la chimie et de faire connaître sa contribution indispensable dans notre société. Pour cette édition 2024, 47 lycéens ont été récompensés sur le thème « Chimie et Sport ». Cette année, ils étaient plus de 3 000 jeunes de toute la France et de lycées français de l’étranger à concourir aux épreuves académiques.
Visiblement, l’intérêt pour la chimie de la lycéenne que vous étiez ne s'est pas démenti ?
Au contraire ! Même si le chemin n'a pas été aussi linéaire que cela.
Racontez-nous…
Après m'être engagée dans la « voie royale », à savoir la prépa, j'ai perdu pied en seconde année. J'avais été propulsée sous les feux de la rampe avec mon succès aux Olympiades et de très bons résultats au Bac, et je ressentais beaucoup de pression. On en attendait sans doute un peu trop de moi. Alors j’ai tracé ma route autrement.
Durant trois ans, j'ai voyagé, effectué des petits jobs, et je me suis consacrée en 2011 à de la médiation scientifique avec une association pour promouvoir la chimie auprès des élèves des écoles et des collèges. Une super expérience. Ce « parcours initiatique » de quelques années m’a reconduite peu à peu sur le chemin des études, que j’ai reprises en 2013 mais à l'université cette fois, dans ma ville natale de Limoges.
Après ma Licence de chimie générale, je suis partie en Master à Lille où je me suis spécialisée dans la chimie des polymères, et j'ai enchaîné avec une thèse de doctorat à l’université de Louvain en Belgique.
Pourquoi ce choix des polymères ?
Parce qu’en licence, j'ai eu un cours d'introduction qui m’a passionnée. Je me suis notamment rendu compte qu’autour de nous, dans la nature, il n'y avait que ça, des polymères, avec la cellulose, l'amidon, le glycogène, les protéines… Toutes les molécules qui nous constituent en sont. Les matériaux du quotidien, les plastiques, les résines, sont aussi des polymères. Et leurs propriétés sont incroyables. A partir du même motif chimique, vous avez d’innombrables combinaisons, un peu comme un collier de perles. Ce côté jeu de construction m'avait emballée.
Sur quel sujet votre thèse a-t-elle porté ?
J'ai travaillé sur la mise en œuvre de la résine liquide thermoplastique Elium® d'Arkema pour fabriquer des pièces composites épaisses. Les composites le sont rarement. Il s'agit surtout de plaques fines. Or dans l'éolien, pour que le rotor puisse soutenir tout le poids de la pâle, il faut des composites très épais, en l'occurrence réalisés par infusion de résine Elium®, en réglant les problèmes associés à la contrainte de pièce de grande dimension et de forte épaisseur.
« Une formidable opportunité »
Pourquoi une thèse avec Arkema sur la résine Elium® ?
C'est le produit d'une formidable opportunité. En 2016, Christian Collette m'a contactée alors que j'étais encore étudiante pour me proposer de soutenir ma thèse chez Arkema. En lisant son mail, la première chose que j'ai faite, c'est d'aller voir sur Internet qui il était et là, je me suis rendu compte qu'il était le patron de la R&D d'Arkema ! Je m’en souviens encore : j’étais dans ma Cité U à Villeneuve-d'Ascq et j'ai failli tomber de ma chaise. Nous en avons discuté et il m'a laissée partir dans une direction qui m'intéressait, les matériaux composites, en me proposant différentes thématiques sur le sujet. Le rêve !
Comment vous avait-il repérée ?
Parce qu’Armand Lattes, professeur émérite de chimie à l'Université Paul Sabatier de Toulouse, un chercheur absolument captivant, lui avait parlé de moi ! Vous savez, un parcours est souvent le fruit d’une suite de rencontres. Pour moi, les qualités humaines comptent autant, voire plus que les qualités intellectuelles, parce qu'une personne qui est très forte techniquement mais ne sait pas communiquer aura du mal à travailler avec les autres. Les meilleures notes ne suffisent pas. La personnalité joue beaucoup.
Et comment s'est passée votre rencontre avec l'entreprise Arkema ?
Je l'ai découverte grâce aux Olympiades, en 2009, car à l'époque Arkema était venu présenter ses activités. Ils avaient parlé des matériaux Pebax® et je me souviens de l'exemple des chaussures de ski ! Ce qui est génial, c'est que pour la célébration des 40 ans des Olympiades, ce matin, quelqu'un d'Arkema a amené une chaussure de running entièrement recyclable (Cloudneo).
Une autre chaussure du futur avec des polymères d’Arkema. Comme scientifique, j'ai acquis une certaine méthode de travail qui permet d'aller au fond des choses. En tant qu'ingénieur R&D, nous avons différents impératifs. Il faut pousser les développements, trouver des clients, que ça marche... Je trouve passionnant de pouvoir effectuer ces aller-retours entre les études de développement, les aspects business et la science.
J'espère garder cette agilité-là pour pouvoir faire avancer tel ou tel sujet pour Arkema. Je dois dire qu'une chose me motive particulièrement : la durabilité environnementale. Les résines thermoplastiques Elium® auxquelles je me suis particulièrement intéressées durant ma thèse ont été conçues pour pouvoir être dépolymérisées, autrement dit déconstruites exactement comme si l'on enlevait les perles d'un collier pour faire un autre collier.
La résine Elium® est ainsi recyclable et je suis très fière de pouvoir travailler sur un tel matériau. D'autant plus que certaines de ses applications concernent la production et le stockage d'énergies renouvelables. C'est doublement motivant.
L'incubateur d'Arkema
Constituées d’experts particulièrement attentifs aux évolutions du marché, les équipes R&D d'Arkema travaillent chaque jour à la mise en place de solutions pionnières et durables. Partie intégrante de notre R&D, l'incubateur a pour rôle d'identifier des produits à fort potentiel et de les amener à maturité.
Avec des moyens techniques et financiers qui lui sont propres, cette structure unique permet aux chercheurs et directeurs scientifiques le développement des nanomatériaux et polymères de nouvelle génération. Les nanotubes de carbones Graphistrength®, les polymères fluorés éléctroactifs de Piezotech®, ou encore les résines thermoplastiques Elium®, font notamment partie de ces produits innovants qui préparent l'avenir du Groupe.
« Savoir voir les choses avant les autres »
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je suis détachée par Arkema en tant qu’ingénieure R&D dans le laboratoire universitaire où j’ai fait ma thèse, à l’UC Louvain en Belgique. Cela nous permet de déployer nos antennes dans cet écosystème très riche qu’est le Benelux, une zone particulièrement active dans le développement et la production de matériaux avancés, dont les polymères, résines et produits chimiques spécialisés. L’idée est de se maintenir à la pointe sur des projets principalement composites, intégrant la résine Elium® mais aussi d'autres types de polymères.
J’aimerais profiter de cet article pour dire à quel point j’ai traversé des moments de doute dans mon parcours et je serais heureuse si mon histoire pouvait montrer aux plus jeunes que tout est toujours possible. Depuis le jour où Christian Collette m'a contactée, ma carrière et ma vie ont véritablement basculé. J’ai l'opportunité de vivre ma passion.
Ou comme le disait très bien ce matin un intervenant à la cérémonie des Olympiades, de ne pas avoir l’impression de travailler un seul jour de ma vie ! J'ai eu le privilège de pouvoir choisir mon sujet de thèse, de choisir l'endroit où je pourrais effectuer mes travaux et d’intégrer ensuite Arkema. Toutes les personnes que j'y ai rencontrées, m’ont séduite par leur simplicité relationnelle, leur bienveillance et leur enthousiasme.
On peut avoir des idées, être soi-même, en s’appuyant sur un parcours et un profil singulier - ce qui n'est pas forcément le cas dans d'autres boîtes. Je trouve que c'est précieux et j'espère pouvoir apporter à mon tour ma contribution. La concurrence entre entreprises est forte mais il y a plein de gens visionnaires ici. Pour moi, c'est une des grandes forces d'Arkema : savoir voir les choses avant les autres.
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