Quentin Vlamynck poursuit un parcours entamé voilà dix ans au sein de l’écurie de Lalou Roucayrol dans le Médoc. À 29 ans, le jeune navigateur au solide bagage technique s’apprête à faire son entrée dans la cour des grands. Il est aujourd’hui le skipper d’Arkema 4, l’un des plus récents Ocean Fifty.
Avec beaucoup de conviction, et au terme d’une préparation rigoureuse - au chantier comme sur les nombreux plans d’eau sillonnés cette année dans le cadre du Pro Sailing Tour -, Quentin va se jeter dans le grand bain de la course océanique sur la Transat Jacques Vabre - Normandie - Le Havre.
Et pour bien aborder cette nouvelle étape de sa jeune carrière, il peut compter sur Lalou Roucayrol, l’un des marins les plus expérimentés à bord de ces multicoques de 50 pieds. Ils forment un solide binôme, un duo atypique alliant jeunesse et sagesse ; l’aboutissement de dix ans relation basée sur l’apprentissage et la transmission.
Entretien à quelques jours du convoyage pour rallier Le Havre…
Que représente la Transat Jacques Vabre pour toi ?
C’est d’abord ma 4ème traversée et ma 3ème en course après deux Mini-Transats. Mes premiers souvenirs de Transat Jacques Vabre remontent à 2013 ; j’étais venu au départ en tant que préparateur. Cette année, je me retrouve de l’autre côté, sur le devant de la scène.
J’ai vraiment hâte de rentrer dans la compétition, et ce, d’autant plus que tout au long de la saison, on a eu la chance de faire beaucoup de milles à bord d’Arkema 4, en courses et en convoyage. On connaît bien le bateau et aussi nos concurrents. La partie va être serrée, tout le monde peut gagner ! Le niveau est élevé et tout l’enjeu consistera à ne pas se faire distancer dès le début. Et à ne rien lâcher jusqu’à l’arrivée.
Quel a été ton parcours pour arriver jusque-là ?
J’ai rejoint l’équipe de Lalou et Fabienne Roucayrol à 19 ans. Avec leur écurie, ils sont vraiment inscrits dans une démarche de transmission.
Pour ma part, j'ai évolué autour du Mini 6.50 et du multicoque. Cet Ocean Fifty est le troisième bateau aux couleurs d’Arkema avec lequel je cours. En 10 ans, j’ai appris les différents métiers : constructeur, préparateur, boat captain et skipper. Une formation vraiment complète ! Mon parcours est différent de celui des autres skippers de la Classe ; il est à la fois prudent, responsable et réfléchi, avec l’envie de franchir les étapes, sans les « brûler », les unes après les autres.
En quoi consiste ce nouveau rôle au sein de l’écurie et comment t’y es-tu préparé ?
Aujourd’hui, je dois me concentrer sur la partie navigation, la gestion du bateau et le pilotage pour le faire avancer le plus vite possible. Je peux m’y consacrer pleinement car j’ai la chance d’être très bien entouré.
Depuis que j’ai rejoint Lalou Multi sur les projets en Ocean Fifty, je travaille avec une coach qui m’aide sur le plan mental pour bien m’inscrire dans une démarche de leader. Sur un plan plus sportif, cela me permet aussi de me sentir à l’aise à bord du bateau (ce qui reste très stressant), à soulager mon cerveau quand il le faut. Cela m’apprend aussi à plus d’assurance et à oser par exemple réveiller mon patron, en repos depuis deux heures, afin qu’il prenne la relève et se fasse à son tour mouiller sur le pont !
Qu’attends-tu de la Transat Jacques Vabre ?
Cette course en double, je la prends comme un ‘terrain d’apprentissage’ en mode compétition. Je n’ai encore jamais navigué plus de six jours d’affilée à bord d’un Ocean Fifty. Aux côtés de Lalou, je vais franchir un nouveau cap et pousser un cran plus loin ma préparation en vue de l’année prochaine, avec la Route du Rhum et le solitaire.
Tous les deux, nous avons aussi un objectif de résultat. Et on a toutes les cartes en main pour signer une belle performance et même une victoire. Ce serait une belle récompense aussi pour toute l’équipe qui a construit et optimisé ce bateau, sans relâche.
Quel est ton point fort par atteindre ces objectifs ?
Notre binôme ! Avec Lalou, on se connaît par cœur.
Au bout de dix ans, on commence vraiment à avoir la même façon de naviguer, même s’il fonctionne beaucoup plus au feeling par rapport aux conditions. De mon côté, je reste plus concentré sur l’ordinateur, le routage et la météo.
Notre duo marche bien. Et surtout, on est contents de vivre cette expérience ensemble, même si en réalité, on ne fera que se croiser toutes les deux heures !
Arkema 4 est un bateau qui a la particularité d’intégrer des matériaux moins polluants, c’est important pour toi ?
Oui. Lalou est un spécialiste des matériaux et à ce jour, nous avons réussi à construire entre autre, un Mini 6.50 avec une résine recyclable qui a déjà traversé trois fois l'Atlantique, ainsi que certaines pièces du trimaran actuel qui supportent bien les efforts.
À moi désormais, de gagner des courses et de démontrer, avec Arkema 4, que ces nouveaux matériaux contribuent à la performance. C’est un challenge dans le challenge !
Arkema 4 en navigation
Repères Transat Jacques Vabre 2021
- Quentin Vlamynck et Lalou Roucayrol appareillent lundi 25 octobre à bord d’Arkema 4 pour rallier en convoyage Le Havre, où ils sont attendus mercredi 27 octobre à la mi-journée, aux portes des écluses.
- Départ de la Transat Jacques Vabre 2021 : dimanche 7 novembre.
- 86 bateaux inscrits au départ répartis en 4 catégories (Ocean Fifty, Ultim, IMOCA, Class40),
- 7 équipages engagés dans la catégorie des Ocean Fifty sur un parcours de 5 800 milles (10 742 km) entre Le Havre et Fort-de-France (Martinique), en passant par l’archipel brésilien Fernando de Noronha, à laisser à tribord.
Tout l’équipe Arkema Sailing souhaite bons vents à tous les participants !