L’arrêt d’exploitation du gisement de gaz de Lacq par Total en 2013, a nécessité l’adaptation de notre usine de Thiochimie, située sur cette même plateforme, à cette nouvelle donne. Cette transformation majeure, qui a pérennisé notre activité et contribué à améliorer nos performances industrielles, a été récompensée du trophée régional « Responsible Care »par l’Union des Industries Chimiques (UIC) d’Aquitaine. Explications.
Le 27 mai, notre usine de Lacq s'est vue remettre par l’UIC d’Aquitaine le trophée régional « Responsible Care ». Cette distinction couronne la réussite de la reconversion économique du bassin, de la transformation de l’usine et de l’amélioration de son efficience environnementale, entamée il y six ans de cela.
Cette distinction vient également récompenser et valoriser l’implication et le travail de tous les salariés associés à ce projet d’envergure, que ce soit chez Arkema, mais aussi chez les nombreux partenaires de la plateforme
Une plateforme, deux sites
Créée en 1959, la plateforme Arkema de Lacq/Mourenx est spécialisée dans la Thiochimie, c’est-à-dire la transformation chimique des produits contenant du soufre. Les produits issus de la Thiochimie trouvent de nombreuses applications : raffinage, lubrifiants, produits pharmaceutiques, agrochimie, cosmétique, textile etc. Les 300 salariés de l’usine de Lacq/Mourenx se répartissent sur deux sites : 240 d’entre eux travaillent à Lacq et 60 à Mourenx.
Petit retour en arrière
L’épuisement du gisement du gaz de Lacq, à hauteur de 97%, a conduit Total à prévoir de cesser son exploitation de gaz commercial en 2013. Or, sur cette plateforme de production comptant une dizaine d’entreprises, l’usine de Lacq spécialisée en Thiochimie (la chimie du soufre) a besoin de ce gaz pour la fabrication de sa matière première : le H2S.
Après avoir envisagé, dans un premier temps, l’approvisionnement par de l’H2S de synthèse fait à partir de soufre solide (solution qui présentait des risques économiques en raison de la variabilité importante du coût de cette matière première), décision est prise de poursuivre l’exploitation des 3% du gaz restant pour assurer la continuité des activités de Thiochimie d’Arkema et ce pour une durée de trente ans.
D’importants investissements
« Il s’agissait avant tout de maintenir les emplois de l’usine et l’activité sur le bassin, explique Hervé Brouder. Autrement dit, « donner un avenir à nos ateliers de Thiochimie en sauvegardant les emplois de la filière de chimie de spécialité, maintenir une extraction de gaz brut nécessaire à notre (besoins en H2S pour laThiochimie) mais aussi poursuivre notre activité dans des conditions économiques stables, favorables et enfin mettre en œuvre des innovations dans des procédés rendus plus propres, plus performants et moins consommateurs en énergie », détaille Hervé Brouder.
Cette démarche de reconversion va durer 6 ans. Elle va nécessiter une transformation profonde du processus de production, liée d’une part au changement de caractéristiques de la matière première fournie (H2S pur), et d’autre part à la disparition des usines à soufre permettant jusqu’alors, de recycler massivement l’H2S non valorisé dans les unités de Thiochimie. Pour accompagner ce changement dans les process, Arkema va investir quelque 60 millions d’euros dans l'usine de Lacq.
Une phase d’étude est tout d’abord lancée de 2009 à 2011. Elle simule en laboratoire le fonctionnement des unités en H2S pur, étudie les unités nécessitant le recyclage de l’H2S non transformé et permet d’acquérir des données thermodynamiques sur les unités pilotes.
Ensuite, de 2011 à 2013 l’entreprise conçoit la stratégie d’approvisionnement de ses clients, réalise les grands arrêts réglementaires, construit des nouvelles sections d’unité. De plus, elle forme les opérateurs sur simulateur dit dynamique et accompagne socialement le changement par des accords avec les partenaires sociaux.
En décembre 2013, le démarrage de l’activité est effectif. Afin de trouver un fonctionnement stable, cette opération va se poursuivre jusqu’à février 2014.
Depuis mars 2014, la transformation de l’H2S pur des ateliers est désormais stabilisée et garantit la fourniture de produits finis aux clients.
Baisse des émissions de C02
Les émissions de CO2 de l’usine ont été divisées par cinq pour un gain annuel de 40GWh. En termes de développement durable et de RSE, ce projet a également contribué à l’économie circulaire à l’échelle du bassin de Lacq. Ajoutons qu’il a été rendu possible par les investissements du partenaire d’Arkema, la SOBEGI, dans une unité de traitement du gaz. Cette unité valorisant le méthane conjoint à la fourniture du H2S, pour alimenter ses chaudières vapeur, consommée par les autres industriels de la plateforme.
Mais la reconversion de l’usine de Lacq aura aussi conféré une toute nouvelle expertise aux salariés de l’usine. Cela a valu, d’ailleurs, à certains d’entre eux d’aller à Kerteh, partager leur savoir-faire afin d’aider au démarrage de notre nouvelle usine de Thiochimie récemment démarrée.
L’adaptation des unités nous a conduit à progresser sur différents piliers du développement durable, tels que l’amélioration des performances des procédés de production (meilleurs rendements liés à l’utilisation du H2S pur) et enfin, l’amélioration des performances environnementales